Je vous en avez parlé sur twitter et le voici : le début d’une série d’analyses des épisodes d’une série qui fait indubitablement parti de mes préférées, Black Mirror. Et on commence logiquement par le tout premier épisode de ce bijou contemporain, et l'un des plus intéressants d'après moi.
Synopsis : Ce tout premier épisode de la série nous entraîne dans la vie de Michael, premier ministre britannique. Le plot de l'épisode est simple : la princesse Susannah a été kidnappée, et Michael doit la sauver. Mias pour sauver sa princesse, ce n'est pas un combat médiéval que va devoir mener le protagoniste. Pour retrouver saine et sauve la princesse Susannah, Michael doit accepter de pénétrer un porc pendant une heure complète et ce, en direct à la télévision nationale. Gore. Effrayant. Impensable. Un premier épisode qui nous met tout de suite dans l'ambiance de cette série qui ne connait pas de tabous.
Black Mirror a beau être une anthologie, les épisodes tournent tout de même autour d’un sujet commun : la montée en puissance et le gain d'importance de la technologie dans notre quotidien. Comme l'indique le nom de la série, Black Mirror reflète le côté sombre de la ociété dans laquelle nous évoluons, et pointe du doigt des problèmes de société avec une violence visuelle qui n'en efface aucunement l'effrayant réalisme. Dans ce premier épisode, la demande de rançon fort particulière qui est effectuée au premier Ministre est envoyée sur les réseaux en premier lieu, et c’est d’ailleurs ce qui fait que l’information ne peut être contrôlée. La vidéo est relayée sur youtube, puis twitter, facebook, tous ces réseaux que nous utilisons inoffensivement chaque jour mais vont devenir une arme redoutable pour le terroriste. Malgré tous les efforts du premier ministre et de son staff, la vidéo est rapidement partout, et tout le monde ou presque l'a visionnée. Sur internet, rien ne disparaît jamais. Les réseaux sociaux ont battu l’Homme.
Le kidnappeur, le premier ministre, l’opinion publique... Sur qui nous concentrons-nous ? La réponse : sur tout le monde. L'épisode ne nous laisse pas souffler : on veut étudier les décisions et actions du premier ministre évidemment, mais nous sommes aussi intéressés par le public et sa réaction. Et à juste titre : ce public, c'est nous. Nous sommes tous ces gens captivés par l'horreur à laquelle ils assistent, nous sommes cette masse dont nous critiquons la passivité. Après tout, après cet épisode qui nous montre à quel point nous pouvons être mis en danger par nos réseaux sociaux favoris, combien ont supprimé leur compte twitter ? Pas énormément je pense. NOUS sommes passifs, NOUS assistons à l'horreur environnante sans rien faire. Nous avons tous applaudi cette série qui critique nos réseaux sans pour autantchercher à éviter que tout ce que la série nous montre ne se produise vraiment. Alors oui, nous sommes comme ces figurants scotchés à leur écran de télévision, regardant sans ciller une scèe abominable et immorale au possible, et ce durant une heure. Tiens une heure... Oui, c'est la durée d'un épisode de Black Mirror. Un épisode devant lequel, moi aussi, j'ai été captivée, malgré la violence des images, malgré la peine presque physique que ça m'a infligé. Black Mirror nous renvoie un reflet sombre, mais débordant d'exactitude. Nous voyons notre société dans ce qu'elle est de plus mauvais, mais également dans ce qu'elle est de plus vrai.
Le suicide final soulève également énormément de questions. En effet, le kidnappeur se suicide durant la diffusion de l'émission. Mais pourquoi ?
Eviter la justice ? En se suicidant, il évite la prison après son geste et meurt en homme libre. Le dégoût. La princesse Susannah est en fait libérée dès 15h30, mais comme cela avait été supposé par le terroriste, personne ne la voit, seule dehors, car chacun est enfermé chez lui et captivé par sa télévision, incapable de se détourner de l'écran. Dégoûté par ce qu'il a réussi à prouver, le kidnappeur se serait donc suicidé en constatant son 'succès' et à quel point notre monde malade semble incurable.
Un coup de théâtre ? Il part sans avoir pu s'exprimer devant un tribunal et donc sans que l'on puisse le cerner, le connaître. Un malade mental ? Un psychopathe ? Un véritable génie ? Probablement un mélange des trois. Sa personnalité aura beau rester floue et mystérieuse, une chose est sûre, il s'agit d'un marginal. Et quand on voit la manière dont est dépeinte notre société dans cet épisode... Est-ce vraiment une mauvaise chose ?